Motion adoptée à l’unanimité par le Conseil d’administration de Sorbonne Université le 10 novembre 2020.
Le Conseil d’administration de Sorbonne Université exprime sa plus vive inquiétude quant à ce que semble être la réforme des INSPE qui aboutit à un démantèlement de la formation universitaire des enseignants et une reprise en main des Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Éducation par le Ministère de l’Éducation Nationale.
Nous ne pouvons accepter que le lien étroit et fécond qui s’est construit entre les INSPE et les universités dans lesquelles ils s’inscrivent désormais soit mis à mal. Depuis plusieurs années déjà, les universités ont construit des formations exigeantes, alliant impératifs disciplinaires, travail méthodologique et approche professionnalisante, pour préparer au mieux leurs étudiants aux concours et aux métiers de l’enseignement primaire et secondaire.
La volonté de secondariser à nouveau la formation des professeurs du premier et du second degré affaiblira l’adossement de la formation à la recherche pour cette catégorie professionnelle, au rebours de tout ce qui est promu pour les autres formations.
Le projet présenté laisse exister des zones d’ombre inquiétantes, notamment sur la question de la rémunération des « collègues de terrain » qui devront prendre en charge un tiers des enseignements des Master MEEF. Comment et par qui seront-ils recrutés, qui les rémunèrera, à quelle hauteur ? Les stagiaires de M2, de leur côté, devraient perdre leur statut de fonctionnaire-stagiaire et 50% environ de leurs revenus, alors même qu’ils devront mener de front la préparation au concours et celle de leurs enseignements. Proposer un tel système, c’est faire peu de cas de l’exigence des concours et de l’apprentissage sur le terrain du métier d’enseignant.
Face à ces incertitudes et à ce qui semble être une série de menaces sur la formation des enseignants de demain, face au démantèlement programmé de lieux de connaissances, Sorbonne Université réaffirme son attachement à des INSPE inscrits dans l’université, faisant travailler ensemble des professionnels de l’éducation et des chercheurs.
Cette réforme est présentée dans un contexte où tous les personnels, dans les universités, les INSPE et les établissements scolaires, sont absorbés par la gestion des conséquences de la crise sanitaire. Les personnels ont déjà beaucoup à faire pour maintenir la continuité pédagogique et essayer de limiter l’aggravation des inégalités sociales entre jeunes dues à la crise. Engager une telle réforme dans ce contexte revient à mettre en danger les enseignants, leurs formateurs et leurs élèves.
Comments